La saison des portillons de départ et des dossards trop serrés s’est terminée par une note plus légère en Norvège, le week-end dernier. Un 100m en guise d’échauffement puis un 30km en plat de résistance, cette première édition de la Janteloppet faisait autant de mal aux jambes que de bien à la tête ! Enorme ambiance, paysages incroyables, concurrence féroce et Petter Northug lui même pour orchestrer sa propre course. Une occasion festive de dire au revoir à une partie des nouveaux retraités du ski et de mettre fin à cette longue saison.
Je tourne la page sur 5 mois chargés d’émotions. Un mélange assez curieux de sensation passant du terriblement négatif à l’extrêmement positif. D’un podium à Davos à une triple non-qualification consécutive, du mal de dos aux jambes de feu…
Statistiquement, je termine la deuxième meilleure saison de ma carrière, 14ième du classement général de la coupe du Monde, avec de la 3ième, 6ième, 10ème place et un total 167 points marqués.
Dans la tête c’est autre chose, je me suis souvent senti à contre temps, le « cul entre deux chaises ».
D’un côté, l’envie de faire le maximum et l’oppressante sensation que se reposer ou faire des impasses sur les courses c’est régresser. De l’autre une lassitude un peu grandissante face à un dos capricieux et des petites maladies répétitives qui montrent que le corps n’est plus d’accord.
J’ai laissé trop de temps entre les moments où je ressentais le besoin de repos et celui où j’acceptais réellement de me poser. J’ai serré les dents jusqu’à la fin, mais très honnêtement, des championnats du Monde jusqu’à mon dernier dossard ce week-end, je n’ai physiquement plus été compétitif.
Après coup les choses semblent limpides, mais sur le moment, quand la pression est importante, c’est autre chose. L’envie de faire au mieux, de réussir pour moi, mais aussi pour le staff, la difficulté de classer mes objectifs et d’en abandonner certains n’ont pas rendu mon choix lucide.
Ces dernières années, le ski a influencé ma vie professionnelle autant que personnelle. J’ai sacrifié énormément de moments, jusque dans ma vie sentimentale, au profit de la performance. D’une certaine manière, mes efforts ont payé, mais je sens que j’arrive aujourd’hui dans une impasse.
Je veux faire de la compétition, je veux viser la gagne, mais je veux le faire plus lucidement, en prenant cette fois-ci, autant soin de mon esprit que de mon corps.
Le ton paraît une peu défaitiste, mais j’ai surtout besoin de cette remise en cause pour aller de l’avant et ça, c’est plutôt une très bonne chose !
En attendant de reprendre l’entrainement avec quelques nouveautés à la clef, il me reste à dire un immense merci !
A vous qui me suivez, bien évidement, mais aussi merci à l'ensemble de l'équipe de France de ski, ses coachs, ses techniciens et tout ceux qui s'activent pour notre belle équipe ! Evidement merci à mes partenaires sur qui je m'appuie plus que jamais. Merci à ma famille et mes amis et à tout ce petit monde qui gravite autour du ski de fond et qui nous aide à le tirer vers le haut !
A très bientôt pour des nouvelles qui donnent le smile et sentent bon l’aventure outdoor !
Baptiste